jeudi 28 avril 2011

Le Classeur à la Jicky !

Chers lectrices, lecteurs et parfums, aujourd'hui, nous allons sortir des sentiers battus !
Etant un adorateur de tout ce qui est bricolage (ce qu'il faut bien évidemment ne pas croire du tout... je suis un cas social du marteau et du clou), aujourd'hui petit atelier "Toi aussi, facilite ta vie de perfumista" !

Ceux qui me connaissent savent qu'en ballade avec moi il faut une chose. Ou du moins, beaucoup de fois cette "une chose" : des pochettes plastiques !


Vous savez, les trucs qu'on se servait pour les classeurs en CE1 pour mettre les cours d'histoire ("Quel roi a été guillotiné pendant la Révolution ?" le bon temps --').


Maintenant, il vous fait une belle pochette cartonnée (bien colorée style jaune si possible : il faut que les murs tremblent... de peur !). Et c'est ainsi que vous mettrez les pochettes plastiques dans la pochette cartonnée (c'est donc à ça que servaient les cours de technologie en 6ème... différencier les types de pochette... tous les morceaux se recollent !).

Et, tels Indiana Jones en pleine jungle, partez, pochette en main (ou du moins dans un sac à dos pour pas passer pour un taré dans le métro), en direction des sacros saint temples de la parfumerie : Amen.

Bon, alors, quelques astuces pour ne pas passer pour un sacré débile en pleine pérégrination parfumée : avoir toujours les rabats de la pochette cartonnée rabattus, pour ne pas s'emmêler avec les fils, tout en essayant de sourire, gêné, en pleine boutique Goutal ("Oh, et sinon, je ne connaissais pas L'Eau d'Hadrien... vous pouvez m'en faire une touche s'il vous plait ?" et dès que la vendeuse est retournée, vous arrachez avec triomphe stylo et pochette !).

Dans les petites boutiques, préférez  garder la pochette en main, et glissez le tout discrètement. Chez Malle, asseyez-vous et discutez en même, la vendeuse saura obligatoirement à quelle team vous appartenez (... la Team Rocket ! Oups pardon, régression instantanée... je voulais dire Team Perfumista !).
Dans les grands magasins : en fait ça dépend. Au Bon Marché, asseyez vous sur les canapés au milieu des stands et organisez le tout. Aux Galeries Lafayette, bon alors, c'est plus dur. Faut la jouer fine :p. Déjà, faut éviter de se faire manger par les gens. Et faut trouver LE stand. Sur Paris, le stand Goutal est pas trop mal. Assez spacieux et pas trop encombré. Mais, en fait, je vous ordonne (en toute simplicité) d'aller voir Josiane, du stand Cartier, elle vous fera la place qu'il faut :D !)

Mais LE truc, c'est le soir, en rentrant chez soi. Il faut éviter une chose, que bien évidemment je fais à chaque, c'est à dire ceci :

(oui, à l'origine c'était bien un lit)

Le lit "reproduction de Verdun en mode touches parfumés". C'est très dangereux. On s'y perd, on mélange tout, c'est la bazar. C'est pourquoi il faut le classeur. Le fameux classeur à la Jicky. Personnellement, j'ai opté pour le classeur où on peut mettre deux rangées de pochettes. Comme ça, deux fois plus de parfums dedans ! Je les trie par intercalaires (où par moments on a des intercalaires "Nicolaï, Comme Des, Penhaligon's, Hermès" ^^). Puis les "plus remplis" : pour moi ce sont les Guerlain, les Etat Libre d'Orange, les Frédéric Malle ou encore le sobrement intitulé "Mainstreams".

Le "Classeur à la Jicky" vous permettra ainsi de sauvegarder votre Sniffathlon le plus longtemps possible (une touche peut bien durer un an !), et il est très utile pour harceler ses proches, sans qu'ils n'aient à subir les test sur peau... Avec bien évidemment des remontrances derrière, où en grinçant des dents on glisse "Ouais mais moi d'abord je prône le tests sur peau" gniark gniark gniark !)

Je vous invite à partager ici vos trucs et astuces pour profiter le plus longtemps possible de vos sniffathlon, et autres trésors parfumés...

Vive l'odorat !

dimanche 24 avril 2011

L'Heure Brillante - Cartier : Proust Pop !

"l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir"
M. Proust, Du côté de chez Swann


Une allée au long de laquelle je courrais étant petit.

Je quittai alors l'aire du toboggan en forme d'Obélix. Le sable qui rentrait dans les sandales, le bruit sourd et strident de ma masse qui glissait le long du toboggan chauffé par le soleil de l'après-midi. Les cris des autres enfants qui attendaient derrière moi. Le goût des Craquottes à la fraise (pré-reformulation... oui oui, le parfum n'est pas le seul domaine touché par ce fléau...). Tous les sens de Baby Jicky étaient déjà en éveil. Et dans la lente mélodie de la routine, ce parc je l'ai arpenté très souvent, alors que je n'étais même pas en CP.


L'Allée
Ce parc est le témoin de la plupart de mes émois olfactifs préférés. Allez savoir pourquoi, j'aimais me cacher dans les buissons, essayer de faire le cochon-pendu sur l'araignée juste à côté. Puis il y avait ce bâtiment, aujourd'hui abandonné, où on faisait la queue pour attendre la "Sécu". Et j'ai cru jusqu'à mes 12 ans que la fameuse "Sécu", c'était juste ce bâtiment.


Entrer dedans me projette dans le souvenir d'un parfum totalement ample, complet et exubérant : Giorgio ! Le problème, c'est que c'était horriblement long d'attendre dans la "Sécu". Un mauvais souvenir qui m'a marqué sur le plus américain des parfums !


Mais, vous allez à juste titre me demander où est ce que je veux en venir avec ce titre sur L'Heure Brillante de Cartier ! Du cadran de Mathilde Laurent, on retient les arrêts sur le XIII, le XII ou le IV de l'horloge. Cependant, aujourd'hui, je vous emmène avec moi dans le soleil du midi : réglez votre montre, nous sommes désormais dans la VIème Heure !


Nous vous remercions d'avoir choisi Proust Airline. Vous voyagerez dans les confins de ce parc, qui vous a été décrit brièvement en introduction. Pour vous, je me suis déplacé exprès dans ce petit coin de verdure, à nouveau, appareil photo en main. Après mettre remis de mes émotions, j'ai essayé de prendre les photos les plus intéressantes qui soient, tout en paraissant le moins psychopathe possible.


Tout d'abord, le toboggan Obélix a disparu. Mais l'allée est restée.


La "Sécu"
Cette allée longe un petit court de tennis, et est juste à côté de la "Sécu". Le sol est fait de "sable de ville" qui rentre dans les chaussures et tache nos souliers d'une couleur blanche tirant sur le beige. Tout y est sec, mais cette ambiance aride est réellement contrebalancée par la généreuse végétation. Et c'est le fait de se cacher dans la végétation, par temps caniculaire qui fait ressortir toutes ces sensations !


La sensation glacée des feuilles cachées dans l'ombre qui courent sur la peau, et la fraicheur de la terre sous nos pieds. Les rayons de soleil qui tapissent discrètement l'intérieur du buisson. Et c'est quand on ressort de ce buisson que tout se joue ! La chaleur immédiate. La montée d'adrénaline, les cris, les odeurs, les yeux aveuglés. Ces fameux yeux qui bloquent la vision ! Tout devient blanc, avec des picots noirs, bordeaux, violets verts et jaunes. Que l'on se relève d'un coup ou que l'on sorte d'un tunnel, c'est cette sensation d'énergie récupérée qui fait de L'Heure Brillante la réminiscence olfactive de ce parc. L'odeur verte et pimpante du buisson, mais surtout l'odeur de l'acier brûlant du toboggan que l'on vient de quitter ! Oui !!! Ce toboggan !!!

Que de souvenirs !!! Et cette sensation d'acier chaud, à la sensation très métallique, qui se fond sur nous qui me rappelle L'Heure Brillante ! Un cocktail allégé par le sirop de menthe très dilué que je buvais en rentrant à la maison, qui rafraichissait tout mon petit corps épuisé.


On se pose finalement. On prend de quoi dessiner, de lire, ou tout simplement on ne fait rien. Quelques heures passent. Et tout à coup retentit dans l'air un "Alexiiiiiiiiis" puissant ! Je me lève d'un bond et je me précipite dans le couloir.


Personne. Mais mes yeux se sont soudainement brouillés dans un blanc infini et se colorant petit à petit...

Une chanson qui me rappelle exactement ce même parc, et que j'ai écouté en allant faire les photos...

dimanche 17 avril 2011

Gossip Fragrances !


Ici J&P, votre seule et unique source d’information qui révèle au grand jour ce que la classe branchée des parfums féminins se donne tant de mal à cacher.

Le monde des parfums est un immense royaume, où chaque nouveauté tente de s’imposer, à coups de bois de santal et de castoréum. Du moins, c’était. Car maintenant, ce monde a changé. Finis les crêpages de citron, place aux coups bas, aux tromperies et autres doubles jeux.

Dans ce domaine, 4 reines tentent toutes de décrocher la couronne de feuille de bigaradier.

Profils des quatre leadeuses :

Blair
-          Miss Dior Chérie : forte de son impressionnante suite de larbines, L’Eau et Blooming Bouquet pour ne citer qu’elles, elle utilise toute sa science (oui, elle s’y connait en chimie) pour triompher. Queen MDC a de quoi tout se permettre : protégée de la dynastie Dior et descendante de la douce et regrettée Miss Dior, elle va être la première à cracher tous ses esters sur ses pales concurrentes. Le petit nœud aux douces teintes de fraise qui orne tes beaux cheveux ne pourra cacher à J&P chaque graine renfermant les horreurs que tu pratiques.

Georgina
-          Nina : elle aussi a su s’entourer, mais disons que son pouvoir a explosé ces derniers temps. Alors que toute seule, elle s’en était sorti remarquablement, envahissants le doux pays de la jeunesse, ses récentes rivales l’ont forcé à s’allier au Paradis de Nina et au tout neuf Elixir. Mais tu vas devoir apprendre, petite Nina, que ce n’est pas avec tes slims aussi fin que ta personnalité, que tes frasques vont échapper à notre œil.


Jenny
-          Parisienne : elle préfère le clinquant, ce qui brille. Bien fringuée, elle se décalque plus ou moins des autres. Mais pour régner en entier, elle y va avec ses douces paroles acides. Un début de clique se forme avec son côté Extrême et son aspect plus léger Eau de Toilette. Miss P. a de quoi rivaliser avec Queen MDC. Mais sans son apparence plutôt trompeuse, elle n’adresserait la parole qu’à la classe des Elsèves.

Vanessa
-          Black XS For Her : son avantage, c’est son mec. Casée, elle pschitte tout son mépris sur ses concurrentes célibataires. Jamais de cours sans roi. Mais à force de miser sur la force de Monsieur, Dame XS réduit sa crédibilité face à la basse plèbe parfumée qu’elle côtoie.


L’affrontement des quatre damoiselles se fait sur le territoire du lycée. Tous les coups sont permis pour nuire à l’image de sa rivale.

Le quotidien d’une reine commence par son arrivée. La descente des marches pour aller en cours, c’est le moment clef, où chaque flacon lycéen lambda peut admirer la chef des jus. Le silence commence dans la cour dès que Queen MDC pointe le bout de son nœud, à l’acier aussi trempé que le regard qu’elle lance aux « faibles » Escales, qu’elle doit déjà supporter à la maison. Suivent de peu les petites suiveuses de la Queen, les flankers. Toutes assorties à la reine, avec cependant quelques esters en moins (oui, il ne faut pas obscurcir la chef, ou bien c’est le néant social assuré). Un petit mouvement des cheveux (légèrement ondulés) en arrière et la descente parfaite est assurée.
Au tour de Nina. Elle est un peu plus discrète : pas de talons, ni de jupes affolantes, mais juste un regard de tueuse. Elle fusille de muscs blancs proprets les autres fruités. Aujourd’hui, le petit sourire au coin de ses lèvres indique qu’un nouveau plan se dessine dans sa tête pour réduire à l’état de vintage Queen MDC.

Quand la cloche retentit, les quelques centaines de flacons se rangent et montent en cours. L’arrivée d’Opium, Shalimar, Habit Rouge calme les tensions. Ou pas.

Les marches...
Car la nouvelle a éclaté au grand jour : Black XS au masculin a trompé son « cher et tendre » petit choux à la myrtille. Et avec Parisienne. Séduit par ses belles paroles, le pauvre, il a craqué. Sauf que, eh eh, Belle d’Opium les a vus, et malencontreusement une photo a atterrie dans son appareil. A force de jouer les touches à tout, Mister XS, tu vas te retrouver sans aucune note de cèdre synthétique pour rester dans la vague.
En attendant, c’est Dame XS qui s’affale, blessée par les talons de Miss P. sa note vinyle a décidément lancé la musique : XS n’est plus. KO en 1 tour de disque !

Aperçue : Queen MDC jubilant, une adversaire de taille en moins ! Mais elle a d’autres civettes à fouetter, car une petite vient de voir le jour et semble prête à tout pour détrôner les 4 leadeuses : Lady Million. Elle aussi elle est casée, avec One Million, le beau parleur. Elle veut se la jouer vintage, en robe dorée, avec sa petite fourrure mais hélas sans note bougie, et avec ce petit air qu’elle se force à fredonner : Diamonds Are A Girl’s Best Friend. Et sous le regard de N°5, qui la fusille d’aldéhydes. Et je peux vous dire que dans sa tête, c’est bien plus que 12 Carbones qu’elle se prend la Lady… Et c’est sur cette faiblesse là que Miss Dior Chérie a décidé d’attaquer notre pauvre petite nouveauté. Selon nos sources, c’est en étant comparée à Giorgio (la grosse prof de philo trop maquillée) que Lady Million a craqué. Il ne lui reste plus que son lingot pour pleurer. Et émotionnellement, sa blessure sera proportionnelle au prix de l’or qui flambe en bourse. L’or en toc, bien entendu…

 
Bien. Nouveautés, c’est fait. Elèves dans le vent, c’est fait. A qui le tour ?
C’est en somme ce que l’on peut lire sur le regard de MDC qui trône, grande vainqueur, sur le haut de l’escalier. Elle méprise les courbes d’Euphoria, les plates paroles de Parlez Moi d’Amour puis la blondeur platine d’Aura, dont la couleur semble aussi fausse que le pseudo absolu de tubéreuse dont elle se vante…

De son côté, Nina s’est cachée. Après sa fusillade quotidienne, la voilà qui parait concentrée dans son jus de fruits. Il lui faut un plan d’attaque contre la Queen ! Cœur ? Rien à dire. Même Dior Homme Sport semble avoir peur d’elle. Fringues ? Pas top, elle est vêtue pareil. Tout se brouille et se mélange. Sa pensée se liquéfie et finit par dégouliner sur ses ballerines. Ah non, autant pour moi, ça c’est sa Pomme d’Amour qui fond…
Butine ailleurs petite pomme, car ce n’est pas toi, petite abeille, qui va anéantir la Reine de la Ruche.

Une ruche qui semble d’ailleurs perdre de sa lumière. Normal. C’est la fin des cours. Chaque petit jus retourne chez ses parents, dans le sentier de l’évolution olfactive. Tels de Petits Chaperons Rouges, ils peuvent cueillir sur leurs chemins matières premières naturelles et synthétiques, en les distillant, les pressant, les enfleurant ou les « headspaçant ».

Mais prenez garde aux reformulations et aux restrictions, sbires du Grand Méchant IFRA, bien que fondée sur notre sécurité, il se peut que le loup devienne tortionnaires de vos mères Mousse de Chêne et Vanilline !

Une chose est sûre, J&P est là pour vous surveiller. Et vos moindres vaporisations sont sous notre nez.

xoxo
J&P

jeudi 14 avril 2011

Plongez dans l'osier...


Les beaux jours reviennent ! Il fait 25°, on sort, on crie ! Yaaahaaa !!! J'en profite d'autant plus que moi, oui moi mais pas vous (j'insiste =), moi moi moi je suis en vacances et donc c'est Sniffathlon Power !!! Je gambade, au gré du vent et des envies, saluant ma petite vendeuse de chez Frédéric Malle, de chez Lostmarc'h ou Josiane du stand Cartier (ou comment rester une heure et demie à parler aux Galeries Lafayette...).

Sans oublier que je squatte la ligne 1 comme si c'était ma deuxième maison, arrosé que je suis par le vent qui s'échappe des fenêtres de la rame, mais aussi par les effluves de transpirations de mes bons vieux parisiens... Serait-il de bon goût de rajouter ici un petit "lol" ? Syntaxiquement, pourquoi pas...

Et mercredi dernier, autant enfoncer le clou jusqu'au bout, je n'avais pas cours ! Il faisait chaud,  très chaud et j'ai décidé d'arpenter Rivoli, en direction de la boutique Lostmarc'h (pour un ami). Sauf que, bonne poire, pas loin du 111 rue Vieille du Temple il y a le BHV ! Et on me le reproche souvent, je ne peux m'empêcher d'entrer dans un magasin qui propose des parfums. Oui, mea culpa ! (je vous raconte pas la fois où, en sortie scolaire nous sommes passés devant une boutique Guerlain... c'était horrible). Et je me suis aventuré dans le sympathique stand orange (j'ai toujours aimé le orange) Hermès. J'y ai d'ailleurs fait la connaissance d'une aimable "amie d'ami" qui peut être se reconnaitra...

Mais j'y ai surtout fait une redécouverte. Une redécouverte qui s'est fait réellement par hasard, dans mon test à la limite du machinal sur mouillette : Un Jardin Sur Le Nil. Un simple coup de nez sur la mouillette, puis les portes du métro quotidien se sont refermés, et le parfum m'a une fois de plus transporté dans les confins d'un autre monde.

Je me suis retrouvé, moi, petite boule de vie, dans un panier en osier porté par une jeune femme en robe de lin blanc. Le panier était de forme ronde, sans aucune étoffe pour rendre l'assise plus confortable. Cela dit, j'étais au moins protégé du vent qui semblait fouetter ma porteuse. J'essayai de regarder ce qui se passait à l'extérieur du panier en osier, mais allez grimper une façade de 40 cm quand vous n'en mesurez même pas 5 ! En attendant, je profitai du beau ciel bleu au-dessus de moi. Le Soleil devait être à son zénith, car il régnait une réelle sécheresse dans l'atmosphère : le panier semblait cuire en pleine nature, et dégageait des odeurs de paille sèche, et d'abricots secs. Abricots secs... Oh ! Mais en voila un petit pot ! Cool, j'ai faim ! Je pris dès lors le fruit séché (qui par ailleurs mesurait deux fois ma taille...) puis en croqua quelques bouchées.

Et quel bonheur de pouvoir ensuite s'allonger, en étendant son corps tout du long du panier, la face au Soleil, chaleur universellement reconnue comme source de bonheur intense (et c'est un Québécois d'hiver qui vous le dit, quoique l'hiver canadien soit très ensoleillé !). En fait, je faisais alors une sorte de remake du Dormeur du Val, au détail près que les parfums faisaient encore frissonner mes narines.

Et c'est dans ce moment d'une léthargie intense que ma porteuse a choisi judicieusement de poser tout en délicatesse le panier d'osier sur une surface étrange ! J'ai cru mourir ! J'étais tellement... plongé dans l'osier, que le choc du changement m'a bouleversé ! En aventurier aguerri, j'ai essayé à nouveau d'escalader le panier, histoire de voir par dessus les murailles. J'ai tenté de toutes les manières (j'aurais du prendre des photos...), par les mains, par les pieds, en sautant, en essayant des pirouettes acrobatiques dignes de la pyramide olfactive de Brin de Réglisse ! Et c'est au bout de 15 bonnes minutes que j'ai réussi à agripper un brin de paille qui dépasser du panier, à partir duquel j'ai pu grimper sur le bord de mon berceau.

Le panier était sur de l'eau. L'eau d'un fleuve très calme, et qui m'éloignait à chaque fois plus loin des berges, où poussait une végétation luxuriante. Elle était légèrement ombragée par un arbre immense, qui abritait ainsi une colonie de papyrus, petits roseaux verts et tendres qui baignaient dans l'eau. Je me suis assis dangereusement aux bords du panier pour admirer cette douce vision. L'eau faisait balloter mon siège.

Même un petit peu trop balloter. Il y a eu aussi au même moment une bourrasque de vent très très puissante. Un cri strident qui sortait de nulle part. Et une voix féminine machiavélique vit retentir son timbre mécanique dans l'air, annonçant une sentence impitoyable : "Champs-Elysées - Clémenceau".

Retour case métro quoi.

Papyrus - Egyptos.net

jeudi 7 avril 2011

Rousse - Lutens : Habit Rousse !

Lutens ne fait pas que du Lutens. Certes, c'est un des parfumeurs des plus cohérent qu'il soit (parfois même TROP cohérent ;), il n'empêche, j'ai été surpris. Très surpris.

Car il va sans dire que niveau épices, Lulu, il gère. Je prendrai pour illustration le splendide Arabie, métaphore olfactive du pain d'épice ! Tout reste dans l'opulence et l'attrait, on ne peut pas passer à côté d'Arabie. Sauf que,   ce poème moyen-oriental n'est pas le seul opus axé épice ! Hou non ! Car derrière le sobre (et toujours aussi magnifique) flacon des "exports", se cache un petit trésor assez discret face à toute la collection : Rousse !
Léonard de Vinci, Carnets

Avez-vous déjà croisé le sillage d'une Rousse ? A vrai dire, c'est assez étrange comme question. Personnellement, j'ai souvent le réflexe un peu pervers de faire un délicat mouvement de translation de ma tête vers le sillage d'une personne qui vient de passer, lorsque je la juge "olfactivement potable". C'est pas très discret, certes (et oui, je l'avoue tout de suite, j'ai déjà eu des regards... forts sympathiques), mais c'est souvent intéressant !

Et bien, le sillage d'une rousse est souvent particulier. L'odeur de la peau est moins marquée, il y a souvent comme une "pause olfactive" dans l'air ambiant (morale de l'histoire : toujours s'assoir à côté d'une rousse dans le métro à 18h à Saint-Lazare. Toujours).

Et Cette Rousse ne fait pas exception à la règle. Cette Rousse, je l'ai croisé dans les arcades du Palais-Royal, et il n'y a pas longtemps seulement ! A la simple évocation de ce qu'elle promettait, je me voyais l'humer délicatement, recherchant l'odeur type d'une compote de pomme chaude. Ses talons ont fait claquer les dalles des arcades, et les bruits ont résonné infiniment, passant à travers les colonnes, les vitrines pour parvenir jusque dans mes oreilles. Je prépare d'avance mon mouvement de translation, afin d'humer en toute liberté, et sans aucun scrupule. Et, sans vouloir jouer dans le mélodrame de l'élément perturbateur, j'ai pris cher.

Oui, j'ai été totalement déstabilisé. Non, je ne me suis pas fait taper pour de vrai.



Nébuleuse de Californie - Astronomy Picture of the Day
(excellent site en passant)
Et pourtant c'est une véritable claque que j'ai reçu. Ou plutôt une "non claque". Je m'attendais à un sillage empli de cannelle, gourmand et épicé à souhait, tout en feu d'artépices. Et je me suis retrouvé dans une sorte de nébuleuse olfactive : une pouponnière de particules dans un néant sensoriel. Tout l'air du sillage de Cette Rousse était saturé de son odeur à elle, tout en laissant un véritable vide. Un véritable néant où l'on respire quelque chose sans que cette chose ne puisse émoustiller nos nerfs olfactifs. 

Avec au centre de cet espace éthéré le Coeur de Rousse. Et c'est lui, lui lui lui, qui surprend ! Je m'attendais à de la cannelle, était donné que tout le monde dans les arcades du monde du parfum me le criait. Je ne la sentais pas, ne le sens pas et je ne pense pas la sentir dans l'avenir.

A vrai dire. Ce n'est pas Rousse que j'ai humé. Mais Habit Rouge, oui oui ! Notre cavalier olfactif ! Rousse est en vérité une cavalière impitoyable ! Toute de Daim Blond vêtue, elle peut même représenter la Féminité du Bois. Le tout en rendant hommage à cet Habit Rouge qu'elle emprunte le week end pour ses sorties à dos de cheval. Elle est lié à son amant du week end par une même passion autour d'un cuir discret et subtil, qui les unis mais en même temps les sépare !

Rousse balaye le champ olfactif par sa grandeur et sa classe folle de cavalière, au trot et au galop, renversant ces pauvres petits flacons qui n'ont pas compris que la parfumerie ce n'est pas que l'exubérance. Non, la parfumerie c'est la subtilité !

dimanche 3 avril 2011

Guerlain Homme L'Eau - Fratrie Héroïque !

Être ce que l'on appelle, dans notre jargon de perfumista, un "flanker", à la base, c'est pas bon signe. On y voit une vieille démarche commerciale aussi douteuse que la mention "Jasmin D'Egypte et Tubéreuse d'Inde" dans le descriptif de Miss Dior Chérie, visant à embrumer le consommateur dans de nébuleuses déclinaisons, aux noms aussi créatifs que le dernier tube de David Guetta.

Ainsi, vous découvrirez pour nos chères eaux fraîches estivales les éternelles "Eaux", "Eaux Fraîches", "Eau d'été" ou encore "Summer", mais aussi, pour les plus audacieux, les "Fresh Attitude Summer Cocktail" ou "Sunessence Edition Nuage d'été".
Pour les déclinaisons plus "djeuns", on a les bons vieux "Florale", "Mademoiselle" et "Chérie", avec là aussi les petites bizarreries telles que "Blooming Bouquet" et les déclinaisons par matières comme "Le Secret Santal D'hiver" !

Un système qui marche bien donc, étant donné que certaines marques en usent et abusent (je ne citerai rien, si ce n'est une marque qui commence par "di" et finit par "or").

Mais alors en plus quand on est ce que tout le monde qualifie de ce que je nommerai (houla la phrase....) "une fougère virile de base" (ou de "merde" selon les jours et les humeurs), c'est pas gagné !
Sauf que, manque de pot, vous êtes tombé sur le plus grand adorateur perfumista de Guerlain Homme, et que, re pas de bol, son flanker "Guerlain Homme L'Eau" est une merveille !


Derrière ce nom légèrement à rallonge et ce jus turquoise, voici le meilleur flanker 2010 selon Dr Jicky ! On aurait très bien pu parler de l'éternelle fraîcheur, de la sensation moderne et classique d'un tel accord, ou du caractère osé d'une création unique. Sauf que chez nous, on n'aime pas trop les délires des mecs chargés de la communication ! Et comme nous Guerlain Homme L'Eau fait profil bas par rapport à tout ce qu'on pouvait attendre de lui !

Non ! Il ne ressemble pas du tout à son grand frère ! Non ! Ce n'est pas un vulgaire hespéridé marin ! Non ! Ce n'est pas une création masculine insipide et commerciale !

Guerlain Homme L'Eau est le genre de bonhomme avec qui je passerais bien une fin d'après-midi allongé sur l'herbe, la tête tournée vers le ciel à admirer le bleu teinté de picots noirs de l'immensité. C'est simple, beau, et en plus, tout reste dans une cohérence subtile, mais sans clichés ! Certes, le moment est frais, vivifiant, mais toujours délicat : il n'y a pas d'envolées aqueuses étranges et dissonantes, ni de beuveries sponsorisées par Paic Citron. Guerlain Homme L'Eau semble préférer le piquant du poivre, la fraicheur de la menthe et du cèdre, et en fin de journée, grosse batailles d'oreillers de muscs blancs (d'ailleurs, j'ai cassé mon bac à glaçons à cause de ça... Merci Guerlain Homme L'Eau !).

Il délaisse les petits kékés courant, chemise défaite par le vent du large, sur les vagues comme Dior Homme Sport et les superhéros de pacotille qui restent au stade de sauveurs en taille-crayon ! Non ! Guerlain Homme L'Eau joue dans la cour des Terre d'Hermès, des Dior Homme Cologne voir même des Géranium Pour Monsieur !

Osez maintenant ! Osez enfoncer les portes de ces saloons de Sephoriaunnaud, pour affronter, vous, plante superbe en shérif transformée, les profiler de l'ombre ! Puis prenez dans vos rangs ce cher Guerlain Homme L'Eau, afin de bouter hors du paysage olfactif tous ces petits surplus hespéridés dont la seule complexité repose sur le nom d'une matière synthétique, ayant pour unique finalité un bon score au Scrabble !

Le Serment des Horaces, David
Au centre, Guerlain Homme L'Eau, et Géranium Pour Monsieur, Dior Homme et Terre en compagnons d'armes !