Par Phoebus.
Je pourrais vous parler du Dr Marié et de sa secrétaire Ultrasexy. Je pourrais vous dire qu'après des sous-entendus à peine déguisés, des œillades langoureuses et des respirations difficiles, c'est finalement le parfum de la Secrétaire Ultrasexy qui a poussé le Dr Marié à la faute (et le parfum en question serait Musc Ravageur, vous pensez bien).
Je pourrais vous parler du Dr Marié et de sa secrétaire Ultrasexy. Je pourrais vous dire qu'après des sous-entendus à peine déguisés, des œillades langoureuses et des respirations difficiles, c'est finalement le parfum de la Secrétaire Ultrasexy qui a poussé le Dr Marié à la faute (et le parfum en question serait Musc Ravageur, vous pensez bien).
Mais non.
Déjà parce que c'est à peu de choses près le résumé du feuilleton romantique (en Espagnol sous-titré Français) que ma voisine regarde actuellement si fort que ça traverse les murs (Shhhhhh...Puede llamarme Sergio, Magdalena...). Et puis aussi parce que bizarrement, même si c'est un peu le scénario auquel on s'attend avant de sentir Musc Ravageur, eh bien c'est à des kilomètres de l'effet qu'il me fait en réalité. Bon, je vous l'accorde, je me préparais bien évidemment à être troublé, car c'est le qualificatif qui revient le plus souvent chez ceux qui ont vécu l'expérience Musc Ravageur. Beaucoup parlent de "femme nue", "d'odeur de peau"... Moi, ces qualificatifs, je les concède volontiers à Mitsouko ou aux notes de fond de Lolita Lempicka premier parfum (qui n'ont aucun rapport entre eux, certes, mais on se forge tous une définition personnelle de ce que peut sentir la peau dans les notes d'un parfum). Un snif, deux snifs, et non, toujours pas de poitrine à l'horizon. Troisième snif et aah... Ca y est, je suis troublé.
Hé oui, comment ne pas être perturbé quand on sent sur une mouillette quelque chose qui se rapproche étrangement du chien tout propre qui sort tout juste de chez le toiletteur ? (perturbé dans le sens étonné, hein, n'allez pas penser que je me laisse aller à la zoophilie entre la rédaction de deux articles). Ca peut paraitre péjoratif comme ça, mais en fait non, pas du tout... C'est juste que je ne me l'explique pas. J'ai beau adorer la cannelle, beaucoup cuisiner avec, consommer énormément de bougies parfumées à la cannelle et même avoir essayé le sorbet à la cannelle (qui se révèle être écœurant, croyez moi, n'essayez jamais), bref j'avais beaucoup de références sur le sujet et pourtant non, c'est le chien de ma grand mère, snoopy, qui s'impose à moi, snoopy qui sentait vaguement la cannelle à cause du shampooing du toiletteur, la cannelle qui se mêlait à l'odeur du poil de chien tout chaud et qui avait un rendu particulier, un peu fauve. Ce rendu particulier, je le retrouve dans les notes de têtes de musc ravageur, et on est d'accord, c'est loin d'être sexy. Mais c'est loin de sentir mauvais..!
Donc voila, moi qui m'attendais à un véritable cabaret, genre classe et glamour, je me retrouve avec du burlesque. Et la suite est tout aussi farfelue : la cannelle et le rhum des notes de têtes se dissipent peu à peu pour laisser place à quelque chose d'insondable, de saturé, oserais-je dire de granuleux ? L'image qui me vient, qui me percute, qui me sert le cœur même, est celle d'un énorme paquet de Curly, vous savez, ces biscuits apéros au maïs et à la cacahuète, à tomber par terre. C'est là dedans que je me réfugie quand j'ai des problèmes de cœur ( Oh, Sergiooo ! Se lamente la femme du docteur Marié derrière le mur, elle a sans doute découvert le pot-aux-roses). Je connais plus que bien l'odeur sucrée-salée, riche et saturée de ces petits biscuits apéritifs (si t'as plus de petite amie, prend un curly). Les notes de cœur de Musc Ravageur se résument donc essentiellement à cet aspect très poudré, sucré, sourd et grinçant, mais déjà avec ce côté ambré/vanillé des notes de fond, qui prennent le temps de s'installer...
Et enfin on y arrive. Jusque là, je ne m'expliquais pas le nom du parfum (qui est somme toute bien plus épicé/ambré que musqué), mais sur la fin, oui, on parvient à détecter ce musc un peu spécial...Et on comprend le qualificatif "ravageur" qui lui a été associé ! On constate aussi que l'aspect "fauve", qui miroitait déjà dans les notes de tête, vient faire son grand retour avant le baisser de rideau. Le côté grinçant-curly des notes de cœur s'évapore pour laisser place à un nuage de douceur et de chantilly. Oui, de chantilly, de chantilly maison montée au batteur avec un soupçon de sucre vanillé... Je ne sais pas vous mais j'adore cette odeur (sans oublier le fait qu'on pourrait mourir de plaisir rien qu'en chapardant une lichette de chantilly du bout de l'index à même le saladier...).
Après l'avoir apprivoisé sur plusieurs semaines, une question se pose, toutefois, et je n'arrive pas à y répondre. Peut-on qualifier Musc Ravageur d'opulent ? Les notes de têtes sont détonantes, oui, mais le pouvoir de diffusion du parfum décroit de manière exponentielle je trouve (ça, ou alors c'est moi qui "m'habitue" à l'odeur, tout simplement, je ne saurais le dire). Il devient rapidement un "parfum de peau", dans le sens "proche de la peau", cette fois ci, et non pas évocateur de la peau, même si la tenue est excellente : une journée facile... et nos vêtements sentent encore bon la chantilly le lendemain !